Le salut en marche
Laurence Bernot
La défaite du mal est annoncée dans le cri des deux possédés : « Que nous veux-tu, Fils de Dieu ? Es-tu venu pour nous tourmenter avant le moment fixé ? » (v.29).
Aveu de faiblesse et d'une proche défaite, ou sous-entendu : « laisse-nous profiter du peu de temps qu'il nous reste pour semer encore un peu plus la peur et la haine ».
Or, l'ombre de la Croix se profile déjà, menaçante pour les ténèbres et le chaos, vaincus par avance.
Oui ! En Jésus, le Salut est en marche et rien ne peut arrêter sa course dynamique. Il aura le dernier mot par la puissance de la Résurrection.
La présence de Jésus déroute, trouble, met en lumière. Reconnu par ses deux détracteurs comme « Fils de Dieu », il est le Verbe, traversant, depuis l'origine du monde, la création et continuant son œuvre de séparer et de « bien-dire », de bénir.
Limité dans le temps de son Incarnation, il porte en lui l'éternité de sa victoire consommée dès avant les siècles. Tout le mystère de sa personne comprend déjà la victoire inaliénable de la lumière.
Réaction surprenante de la foule : venue à sa rencontre, pourquoi le supplie-t-elle de quitter leur territoire, comme si elle se positionnait en ennemi du bien ?
Cette mise à distance peut aussi être la nôtre, parfois… Pas forcément le non-accueil d'une porte fermée plutôt une distanciation de reconnaissance.
Le choc de la mise en présence de la Victoire ébranle nos soubassements charnels, comme Pierre lui-même a demandé à Jésus de s'éloigner : « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur » (Lc 5,8).
