Laisser advenir ce qui est en soi
Après des déplacements multiples dans lesquels Jésus, la Parole en acte, multiple les signes de délivrance, le voici immobilisé dans sa ville et même dans sa maison. Comme si la Parole se trouvait encerclée…
Et, de fait, le cercle des scribes constitue comme une barrière, une forteresse de défiance et de soupçon, une volonté souterraine de bloquer le « pouvoir » bienfaisant de la Parole…
Une première brèche décisive va s'opérer : la confiance d'un humain, lui aussi réduit à l'immobilité dans son corps mais capable de se mettre en marche à l'intérieur de lui-même, de se vouloir proche de Jésus, tel qu'il est sous le regard de tous.
Et Jésus discerne ce mouvement de l'esprit et de la volonté comme le premier signe d'une libération de tout l'être : « Aie confiance, enfant, tes péchés sont remis ».
Pouvons-nous sortir, un instant, d'une conception quelque peu étroite du péché ? Il est, avant toute chose, paralysie, rigidité, fermeture obstinée à la relation avec soi-même, les autres, Dieu. Il est perte de confiance dans la parole de l'autre qui m'invite à sortir de moi-même pour mieux habiter ma propre demeure.
C'est ici que pleuvent les accusations de ceux qui imaginent détenir un pouvoir de la part de Dieu : « Celui-ci blasphème. Qui peut pardonner les péchés sinon Dieu seul ? » (Marc 2,6).
Tel n'est pas le pouvoir de Dieu ! Dieu veut et peut et opère à la mesure de la confiance que je lui octroie.
Dès que je m'engage dans la seule œuvre qu'il ne peut faire sans moi : l'offrande confiante de ma propre liberté. « Les foules glorifiaient Dieu d'avoir donné un tel pouvoir aux humains ».