Martyre de St Jean Baptiste
Le cercle du pouvoir
Nous sommes dans le cercle du pouvoir, avec ses officiers et ses notables. Les chefs, les têtes de la Galilée, Hérodiade et sa fille. Marc ne cite pas son nom, Salomé, préférant la désigner comme une simple jeune fille – le même terme qui désignait l'enfant de Jaïre – sans pouvoir, sans cupidité mais l'un et l'autre vont lui être remis. À la suite de sa danse, Hérode lui fait le serment de répondre à son désir. Serment irréfléchi et disproportionné au regard d'une danse. Sa royauté et ses sujets sont semblables à un jeu. Son pouvoir ne se manifeste pas pour un bien commun, mais pour une simple danse.
La jeune fille détient maintenant un pouvoir de possession, jusqu'à la moitié d'un royaume. Mais que demander ? Hérodiade, sa mère, joue ici un rôle premier. Elle comble l'indécision de sa fille par sa satisfaction personnelle. Elle s'approprie le serment fait à sa fille et le pouvoir d'Hérode, non pour des territoires, ni en vue de richesses mais contre une vie, celle de son ennemi. La tête de ce baptiste doit tomber. Car Jean est dangereux. Son armure est l'humilité d'un vêtement de peau. Son arme est sa parole en vue d'une conversion et d'un pardon. Son armée : des gens de tous horizons venus se plonger dans la miséricorde de Dieu (1,4-11). Foi, espérance et charité : voilà de quoi faire vaciller toute velléité de toute-puissance et de domination. Contre cela, la prison ne suffit pas et seule la mort pourrait détruire ce trublion.
Hérode ne peut se dédire du fait de son serment face à ses convives. Ces deux mentions révèlent le dilemme : révoquer ce serment irréfléchi et s'humilier devant ses invités ou assumer sa bévue pour préserver sa superbe aux yeux de tous et condamner Jean. La gloriole et l'orgueil gagneront sur cette tristesse bien fugace. Par trois fois, Marc préfère appeler Hérode par son titre de roi. Or ce pouvoir royal ne s'exprime pas selon la vocation du roi d'Israël en termes de droit et de justice, comme la tradition biblique l'exprime : Béni soit le Seigneur, ton Dieu, qui a bien voulu te placer sur le trône d'Israël ; c'est parce que le Seigneur aime Israël à jamais qu'il t'a établi roi pour exercer le droit et la justice. (1R 10,9).