« Perdre sa vie… »
Quand Jésus dit « Prendre sa croix… » c'est une sorte de parabole, comme celle du grain de blé tombé en terre.
Cela dit une traversée, le renversement radical de notre conception de la gloire, qui brille et surélève, à notre condition de disciple de Jésus.
Le mouvement de cette traversée épouse celui du grain : telle est la descente silencieuse du cœur pauvre qui sait bien ne rien posséder. « Celui qui aime sa vie la perd, et celui qui cesse de s'y attacher en ce monde, la gardera ».
Ce consentement à la perte s'ouvre sur un dénouement et permet à tout disciple de l'Evangile de s'engager dans un lien de fidélité à soi-même et à autrui.
Et dans cette perte assumée, sans morosité ni nostalgie, laisser la joie de Dieu à se donner sans limite, s'imprimer en nous :
« Si désormais
Nul ne peut me voir, ni me trouver,
Dites que je me suis perdue ;
Que, marchant prise d'amour,
Je me suis faite perdante et fus gagnée. »
(Jean de la Croix, Cantique spirituel B, 29)