Notre-Dame de Pépiole Bienvenue dans notre chapelle

Mercredi 16 août 2023

Lier, délier, faire du lien

Ce discours (Mt 18) tient une place centrale dans l'évangile de Matthieu. L'importance donnée à la nécessaire communion et réconciliation révèle les difficultés et les dissensions que pouvait vivre une communauté chrétienne comme celle de Matthieu. Ce dernier insiste pour ancrer ce souci fraternel, comme celui envers les petits, dans la volonté du Père. Ce premier passage fait suite au souci des plus fragiles de la communauté chrétienne et à la parabole de la brebis perdue. Ici, il ne s'agit pas seulement de petits mais de frères. Cette distinction grands/petits n'a plus lieu d'exister lorsque les grands sont devenus petits, à l'image des enfants. La communauté chrétienne est donc marquée par une fraternité qui surpasse tout qualificatif social ou hiérarchique. Mais une communauté fraternelle est aussi une communauté qui voit ses membres et frères (et sœurs) se confronter… et se blesser.

Le passage suppose ainsi une situation concrète où l'un des membres (qui peut être aussi un groupe) a commis une faute envers un autre membre (ou un autre groupe). Jésus ne dit rien sur ce péché, sinon qu'il concerne deux seules personnes : un offensé et un offenseur qui reste qualifié de ‘frère', et cela a son importance. Car Jésus ne condamne pas d'emblée, comme d'ailleurs il ne le pardonne pas d'emblée. Il suggère un procédé de conciliation qui va crescendo, dans la liberté de chacun. D'abord à l'amiable, en privé, puis en petit comité avec une ou deux personnes, il faut régler l'affaire, exprimer l'offense non pour rabaisser et vilipender l'offenseur, mais afin qu'il écoute, c'est-à-dire qu'il comprenne et que le dialogue soit restauré.

Comme envers les petits, le disciple – même offensé – doit tout mettre en œuvre pour garder ce frère et cette fraternité nécessaire à la communauté, c'est-à-dire l'Église. Et c'est à elle, l'assemblée ecclésiale et non à quelques-uns, qu'il revient de discerner et d'aider à la réconciliation. Que signifie que le coupable soit considéré comme ‘un païen et un publicain' ? Rien de plus, rien de moins que la manière dont Jésus considérait les païens et les publicains, lui qui appelle Lévi-Matthieu au bureau de la douane pour en faire son disciple ! Lui, Jésus, qui partage la table avec les publicains et les pécheurs : « car il n'est pas venu appeler les justes mais les pécheurs ».