Fête de la Sainte Trinité
A la fin de notre Nouveau testament, le livre de l'Apocalypse s'écrie : « La royauté du monde est acquise à notre Seigneur ainsi qu'à son Christ, qui règnera dans les siècles des siècles ! (…) Oui, nous te rendons grâce, Seigneur, Maître de tout, parce que tu as pris en main ton immense puissance, et tu as établi ton règne ! » (Apo. 11,15 et 17). Ainsi donc, voilà ce qui s'est accompli dans la résurrection de Jésus : « Tout pouvoir lui a été donné au ciel et sur la terre »…
Puisque nous célébrons aujourd'hui la Trinité, regardons ce qu'il en est des deux autres Personnes.
Comment fait le Père ? « Je crois en un seul Dieu, le Père tout-puissant » : voilà qui est bien ! « Créateur du ciel et de la terre ».
Voilà une curieuse façon d'être tout-puissant, en créant un monde aussi complexe, pour ne pas dire confus et chaotique ; en créant une humanité aussi diversifiée, aussi multiple ; bref, en donnant naissance à des libertés, en s'effaçant pour leur faire toute la place !
Et qu'en est-il de l'Esprit-Saint ?
Dans le même Symbole de Nicée-Constantinople, nous affirmons à son propos : « Il est Seigneur ».
Lui aussi ! Et comment est-il Seigneur ? « Et il donne la vie ».
Vous en connaissez beaucoup, des seigneurs qui donnent la vie ?
En règle générale, un seigneur gouverne la vie de ses sujets, et il la leur prend le cas échéant : jamais il ne la donne !
Les trois personnes de la Trinité se comportent donc de la même façon.
Leur seule façon d'exercer le pouvoir, c'est de le donner !
Leur seule façon de régner, c'est de s'anéantir elles-mêmes, de faire être, de donner la vie…
Un théologien orthodoxe a parlé à ce sujet de la « triple kénose ». Le mot kénose signifie cet anéantissement.
On l'emploie généralement à propos du Fils, en écho à l'épître aux Philippiens, qui déclare : « Il s'est anéanti lui-même » (Ph. 2,7).
Il y aurait donc la kénose du Père dans la création, la kénose du Fils dans l'Incarnation, et la kénose de l'Esprit dans l'Église. (Serge Boulgakov, repris par Hans Urs von Balthasar), et par d'autres théologiens catholiques (Maurice Zundel, François Varillon, etc.).