Sommes-nous des disciples abandonnés de Dieu et des hommes ?
Ce récit anticipe ou éclaire la situation de ces premiers chrétiens, au temps de Matthieu, qui n'ont plus ‘charnellement' leur Seigneur à leur côté, et qui face à des vagues de persécutions et des vents d'oppositions, se sentent abandonnés, et de Dieu, et des hommes. C'est le soir, la nuit ne fait que commencer. Bientôt, avec les ténèbres, ils ne verront plus rien, ni personne, sauf peut-être la mort.
Les difficultés de la barque ecclésiale durent ainsi toute la nuit. Une vraie nuit de ténèbres, de peur, de crainte, de dangers. Jésus vient donc comme pour annoncer le jour, marchant sur la mer, tel victorieux de la mort. Le récit emprunte beaucoup au langage pascal que nous entendrons à la fin de l'évangile : une nuit, un matin, une manifestation et des disciples bouleversés. Avec ces allusions, Matthieu déjà anticipe Pâques et la vie de la communauté postpascale. Les disciples ont suivi les ordres de Jésus. Ils se sont embarqués à sa Parole, mais doivent affronter bien des dangers. Ils rament, seuls, en vain, sans pouvoir atteindre l'autre rive.2713
Jésus marche sur la mer et se manifeste à eux. Loin de les rassurer, cette vision génère encore plus de peur. Leur remarque ‘C'est un fantôme' exprime leur désespérance : est-ce la mort et le shéol qui viennent à eux ? Leur combat est-il perdu ?
Par cette marche sur les eaux, Matthieu entend montrer que le Christ demeure présent à ses disciples. Il vient à nous, sans attendre que nous le rejoignons, au milieu de cette mer toujours démontée. Plus que sa présence, c'est sa parole qui retentit comme un appel à l'espérance.