Un combat contre toute idolâtrie
Sombres, sinistres, mais aussi tristement banales les circonstances de la mort de Jean le Baptiste ! Finalement, à quoi doit-il sa mort ?
A la convoitise d'Hérode, dévoré par le désir des femmes ; à l'immaturité séductrice de Salomé, sous la coupe de sa mère opportuniste, transie de jalousie et de rancœur ; à la vanité de l'homme de pouvoir, englué dans le souci de l'image de soi et piégé par ses propres passions. Piégé par le mensonge de sa propre vie, égaré dans des choix fallacieux : car Hérode tient Jean-Baptiste pour un homme « juste et saint », il reconnaît à l'intime de lui-même, la pertinence de sa parole, même sous les semonces…
Nous pourrions dire que Jean-Baptiste trouve la mort de façon dérisoire, une mort indigne d'un prophète.
Et pourtant, il meurt bien comme un témoin du Dieu vivant, héritier de la voix incisive des prophètes, fidèle à ce qu'il a pressenti de l'exigence concrète portée par l'Évangile du Christ : « Qu'êtes-vous allés contempler au désert ? Un roseau agité par le vent ? Qu'êtes-vous allés voir ? Un homme vêtu d'habits délicats ? Mais ceux qui vivent dans les délices sont dans les palais royaux. Un prophète ? Oui, je vous le dis et plus qu'un prophète. C'est celui dont il est écrit : Voici que j'envoie mon messager en avant de toi pour préparer ta route devant toi » (Luc 7,24-27).
La figure de Jean-Baptiste dessine le carnet de bord du témoin de l'Évangile pour notre temps. Un témoignage du courage et de la confrontation au mensonge, un témoignage d'éveil à la gravité des crises que nous traversons ; un témoignage sensible et fraternel face à la fragilité reconnue que nous partageons avec nos contemporains.
Si le croyant, témoin de l'Évangile, « n'est plus au centre de la culture contemporaine, qu'il ne se retire pas en sa banlieue : qu'il en soit le franc-tireur » (Gabriel Ringlet).