Tout ce qui n’est pas donné est perdu
« Tout ce qui n'est pas donné est perdu »
Aujourd’hui encore, le Christ vient s’asseoir parmi nous, et regarde tranquillement ce que nous tenons en nos mains, ce que nous sommes prêts à lâcher pour que la vie se donne : du temps, des forces, des projets, de notre intelligence et de notre affectivité. Allons-nous lui laisser les restes ? Devra-t-il se contenter de notre superflu ? Ou bien donnerons-nous, comme cette veuve, le « peu » que nous pouvons qui est le « tout » partagé ?
Il n’est pas question non plus de louvoyer devant la gratuité que nous propose Jésus, en retombant dans des questions de quantité. La pauvre veuve de l’Évangile aurait pu se dire : « De quoi vais-je avoir l’air avec mes deux piécettes ? Ce n’est qu’une goutte d’eau en face de ce que donnent les autres ! » Et pour nous la tentation de dire: « Je suis si pauvre que le Christ ne peut rien attendre de moi ; je suis si pesant dans ma démarche spirituelle que mon témoignage ne vaudra rien ; j’ai tellement de peine à me porter moi-même que le Christ ne me demande pas de porter les autres! »
La lumière de l’Évangile vient justement changer nos idées habituelles sur le don et l’indignité, sur la richesse et la pauvreté. Est riche, selon l’Évangile, celui qui se crispe sur ce qu’il a. Or on peut se crisper sur ses richesses : confort, argent, culture, valeurs héritées du milieu, histoire passée, indépendance de vie, comme on peut se crisper sur ses carences, sur ses limites, ses échecs ou sa fragilité. Le tout est de rompre avec toute crispation, sur un avoir ou sur un manque, pour entrer dans l’espérance que le Christ nous ouvre.
Avec lui, toute audace est permise, et il nous envoie en mission « afin que pas un de ces petits ne se perde ».