« Moi, je suis le pain, le vivant, descendu du ciel »
En Jésus, le libre don de soi veut aller jusqu'au bout, « jusqu'à l'extrême » de l'amour. Il y parvient quand il laisse disposer de lui-même, et devient ce dont Dieu dispose, ce dont nous pouvons disposer. Une telle volonté de don s'offre à l'intérieur du geste eucharistique de se partager au-delà de toutes les frontières de la finitude humaine. Cela pourrait nous paraître orgueil et démesure, comme ce fut le cas pour certains des contemporains de Jésus. Il n'en est rien, car ce don est l'expression d'un être déjà déterminé qui veut librement laisser disposer de soi. Jean, et Paul, l'expriment clairement : ils décrivent l'abandon de Jésus aux siens et au monde comme étant concrètement l'abandon du Père qui donne ce qu'il a de plus précieux, son Fils, par bienveillance pour le monde qu'il a créé et fidélité à l'Alliance qu'il a scellée.
Jésus est le seul, l'Unique, qui vient d'en haut : il y a déjà, dans sa venue dans la chair, la volonté de don infinie de Dieu. Dès l'Incarnation, Jésus est en situation eucharistique.
C'est l'acte par lequel le Père se donne : il verse le Fils à travers tous les espaces et tous les temps de la création. Voici l'ouverture définitive de la vie trinitaire : le Père, le Fils et l'Esprit, relations, formes de don absolu « versé, débordant dans nos cœurs » (Romains 5,5).
Arcabas
