Septième Parole
« Père, entre tes mains, je remets mon esprit » (Luc 23,46)
Septième parole du Christ en croix
« Père, entre tes mains, je remets mon esprit » (Luc 23,46)
Septième sonate – « Les Sept Dernières Paroles du Christ en Croix » de Joseph HAYDN (Concert de Jordi SAVALL)
Avant d'entrer dans le silence du Grand Samedi, silence d'absence et de descente aux lieux les plus ténébreux de la mort, Jésus trouve encore les mots pour se tourner vers Autre que lui-même.
Peut-être le ciel n'est-il pas vide ! Les mains du Père sont là, ouvertes et offertes pour créer encore, bénir toujours, guérir enfin. Des mains immenses, capables d'accueillir la chair épuisée, de redresser le corps chancelant, de réchauffer ce que la mort emprisonne dans son linceul glacé.
Non ! Nous ne contemplons pas un Christ défait par la mort, démis de lui-même. Nous contemplons un Fils qui se remet, librement, entre les mains d'un Père.
Dans ces mains-là, il dépose le tout de sa vie, comme il a déposé son vêtement au cours du dernier repas : il remet sa parole, réduite au silence ; sa mort ignominieuse et insensée. Il remet tous les siens, en proie au doute, à l'incompréhension, à la tristesse. Il nous remet à la douceur du Père.
Et c'est, justement, cette inconditionnelle remise de soi qui change tout et nous donne de contempler la Croix comme signe de lumière.
Jésus ne s'effondre pas dans l'obscurité de la mort, il tombe en Dieu. Ainsi, la pierre du tombeau ne pourra le garder emmuré.
Pour nous aussi, il ouvre le passage : il nous libère d'une situation d'esclave, de la peur de la mort.
« Dès qu'il eut pris le vinaigre, Jésus dit : Tout est accompli. Et, inclinant la tête, il remit l'esprit » (Jean 19,30). Jésus remet son esprit entre les mains du Père, il va vers Lui. Et par le Souffle qu'il répand, il vient vers nous.
L'Esprit livré de Jésus se joint à notre propre esprit, cet Esprit par lequel nous crions : « Abba, Père » (Romains 8,15).
« Père, entre tes mains, je remets mon esprit »
Final – « Les Sept Dernières Paroles du Christ en Croix » de Joseph HAYDN (Concert de Jordi SAVALL)
Photo F. OLTRA
« Jésus, criant de nouveau d'une voix forte, rendit l'esprit. Et voici que le voile du sanctuaire se déchira en deux du haut en bas ; la terre trembla, les rochers se fendirent, les tombeaux s'ouvrirent, les corps de nombreux saints ressuscitèrent (…) A la vue du tremblement de terre et de ce qui arrivait, le centurion et ceux qui, avec lui, gardaient Jésus furent saisis d'une grande crainte et dirent : Vraiment, celui-ci était fils de Dieu » (Matthieu 27,50-54).
Prière
« Qu'elles brillent déjà, les lueurs de Pâques, qu'elles scintillent au jour de demain, qu'elles annoncent l'Époux qui revient, éveillant tout sur Son passage.
Jésus, la nuit ne saurait retenir ton Corps où monte le désir de ressusciter un autre âge.
La terre craque où tu te dresses, Jésus, comme hier où Dieu te donna son Esprit, son Souffle, une Voix dans le jardin de la Genèse.
Jésus, la Chair de ta chair est nommée : la Plaie que tu portes au côté s’ouvre pour qu’un peuple en renaisse.
Voici le temps où toi, notre Dieu, tu te hâtes : de ta main tu couvres les eaux, tu en tires un monde nouveau, partout la vie refait surface !
Où donc est la tombe de Dieu ? La mort est morte sous nos yeux !
Donne-nous de croire en ta Vie. »
D'après le poème de D. Rimaud : « Brillez déjà, lueurs de Pâques »
Photo F. OLTRA
