Première et Deuxième Parole
« Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Luc 23,34). « Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis » (Luc, 23,43).
Première parole du Christ en croix
« Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font » (Luc 23,34)
Première sonate – « Les Sept Dernières Paroles du Christ en Croix » de Joseph HAYDN (Concert de Jordi SAVALL)
De toujours à toujours, le pardon traverse notre Histoire, nos histoires : il est à l'origine, il nous accueillera au dernier jour. Il vient avant le refus, la trahison, le mépris, la culpabilité, la menace de mort.
Dans le consentement à ce pardon originel, nous trouvons la force de scruter notre mémoire, de relire notre histoire pour y discerner les pas de Dieu.
L'Évangile nous atteint comme bonne nouvelle inattendue, inouïe, justement parce qu'il proclame la paix du pardon. Tel est le grand retournement qui convertit nos vies.
Cependant, le pardon ne gomme rien. Il ne chasse pas la violence, il la traverse. Il écrit, en lettres de feu, un autre texte sur le décret abyssal du mal absolu.
Il nous dit : Pénètre en toi-même, jusqu'à cette région de l'âme où haine et jalousie s'opposent à l'appel de la fraternité.
Il nous dit : Viens me rejoindre en ce point secret où moi, ton Dieu, je me tiens et t'attends pour saisir tes déviances et les façonner en espaces de libération.
Le nom de notre Dieu est pardon !
Jésus en croix rejoint le cœur du Père quand il lance sa demande :
« Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font ».
Deuxième parole du Christ en croix
« En vérité, je te le dis, aujourd'hui, tu seras avec moi dans le paradis » (Luc 23,43)
Deuxième sonate – « Les Sept Dernières Paroles du Christ en Croix » de Joseph HAYDN (Concert de Jordi SAVALL)
Voici l'heure de l'aujourd'hui de Dieu.
Non pas dans un hier nostalgique qui tirerait notre espérance vers un passé embelli. Non pas dans un demain incertain, désiré ou redouté, vers une vie d'après la mort…
L'aujourd'hui de Dieu se donne dans le présent de la parole de Jésus, dans la Vie qui nous accueille, bras ouverts, mains étendues.
Serons-nous comme le premier larron en demande d'un Messie triomphant qui viendrait tordre le réel, si dur soit-il à traverser ? Alors nous n'entendrons que silence : pas de réponse à qui choisit la fuite en avant.
Serons-nous comme le second larron qui tourne son visage vers ce compagnon de misère ?
Alors s'ouvrira pour nous la porte du Jardin et nous en recevrons les fruits promis depuis toujours.
Alors nous entendrons la parole inattendue qui déchire notre honte et nos douleurs :
« Moi, ton Dieu, je me réjouis que tu existes. Moi, ton Dieu, Je suis à toi et pour toi. Moi, ton Dieu, Je prends plaisir à être ce que je suis afin d'être à toi et de me donner à toi ».
Disons-Lui, seulement : « Souviens-toi de moi » !
Cette prière de pauvre, face au vertige de la mort, fait se pencher sur nous le Visage bienveillant du Père, en Jésus, jusqu'au cœur tremblant de notre vulnérabilité.
Et nous entendons au présent la parole qui nous vivifie :
« Aujourd'hui, tu seras avec moi dans le paradis ».