Veillée et Messe de la nuit de la Nativité
Voici maintenant venue la plénitude des temps :
Dieu a envoyé son Fils sur la Terre (Ga 4, 4)
« Viens Soleil Levant, Splendeur de Justice et Lumière Éternelle, Illumine ceux qui habitent les ténèbres et l'ombre de la mort »
Noël est comme une brèche ouverte dans le temps. Quelque chose se passe qui semble avoir effacé pendant quelques heures toutes les déceptions de la vie. C'est comme si on attendait quelque chose, quoi je ne sais pas exactement, mais ce que l’on attend là, c’est ce que l’on attend toute la vie, car le meilleur du temps de Noël est presque invisible, faible, et suppose une passion infinie de l’attente.
Il y a longtemps que je t'aime… « Mes amis, mes frères, mes petits, rapprochons-nous de cette grotte où est né le Christ. Je l'ai vu cette grotte, elle est faite pour les bêtes et les pauvres, elle est faite pour l'humanité entière, aidez- moi à la rebâtir ici, deux fois ; une fois dans cette campagne d'Assise que j'aime, une deuxième fois dans vos cœurs que j'embrasse. C'est la lumière que j'appelle et que je bénis. Que les cloches tintent et sonnent et disent partout que nous en sommes au début de l'amour, au sourire du naître que nous nous sommes donnés. Un enfant, un tout petit enfant, plus perdu qu'un agneau sous le ventre de sa mère. Ce sont les mères que j'appelle, toutes les mères de toutes les époques, de tous les lieux et de tous les âges. – Regarde François, regarde, c'est moi, j'arrive, il vient de naître, je te le donne. Le voici enfin celui qui saura veiller sur nous le voici enfin l'éternellement simple, l'éternellement rieur, l'enfant de Dieu et d'une jeune femme de Galilée, le fruit si tendre des noces de lumière. Regardez cet enfant, regardez-le longtemps et vous verrez ce que le monde cache, cette masse de lumière sous la peau grise du monde. Allez maintenant, allez en paix sur vos chemins de vie, dans la forêt du temps, Rien ne tuera l'enfance, rien ne peut arrêter le chant d'enfant, la vieille chanson qui vient de naître… » Il y a longtemps que je t'aime, jamais je ne t'oublierai.
Extrait d'un texte de Christian Bobin écrit pour une crèche géante Saint-François d'Assise –