Prie au temps du combat… Prie au temps de la quiétude
Il y a des anges terrasseurs de Dragon, ils portent l'épée : ils sont là au temps du combat. Il y a aussi des anges comme endormis, ils portent le Livre de la Parole : ils sont là au temps de la paix, ils nous font entrer dans le grand Shabbat, le repos en Dieu.
Prier : entrer en oblation, dans ce temps net et nu où, seule, brûle la Présence. Nous rendre disponibles, comme une coupe que nous ne remplissons pas nous-mêmes mais que l'Esprit remplit de son Eau vive. Mais, si rien ne se passe, je perds mon temps !
« Je vous en conjure, filles de Jérusalem, n'éveillez pas, ne réveillez pas l'Amour, avant qu'il le veuille. La voix de mon bien-aimé ! C'est lui, il vient… Il bondit sur les montagnes, il court sur les collines. Le voici, c'est lui qui se tient derrière notre mur : il regarde aux fenêtres, guette par le treillage. Il parle, mon bien-aimé, il me dit : Lève-toi, mon amie, et viens… Ma colombe, dans les fentes du rocher, dans les retraites escarpées, que je voie ton visage, que j'entende ta voix ! » (Cantique des Cantiques)
Notre Dieu passe et s'invite soudain dans notre temps : « Aujourd'hui, il faut que je demeure chez toi », dit Jésus à Zachée, car c'est l'heure de son bon plaisir et l'heure de notre liberté. « Dieu comble son bien-aimé quand il dort » (Psaume) : nous nous réveillons quand l'Esprit nous éveille. C'est l'heure – et c'est maintenant – « où les véritables adorateurs adorent en esprit et en vérité (Jean 4). L'heure où nous entendons la Voix du Fils de l'homme : l'heure de notre passage, de notre pâque, du monde au Père, en Christ, le Bien-Aimé.
En ce temps, perdu gratuitement, en pure donation, nous coïncidons avec l'éternité de Dieu, mais aussi avec la durée fraternelle de tout humain, de toute existence qui nous devient contemporaine.
Illustrations : Eglise de Perrecy les Forges