Notre-Dame de Pépiole Bienvenue dans notre chapelle

Lundi 6 mars 2023

Si tu pries, au milieu du tumulte… Fais silence…

« Des fauves nombreux me cernent, des lions qui déchirent et rugissent »

Dans le grand silence du monde neuf, au commencement, nous entendions couler l'Eau vive ! L'humanité, en grâce, se recueillait dans le Jardin et écoutait la Voix, comme celle du « Fleuve impétueux réjouit la Cité de Dieu » (Psaume 46). Depuis l'écoute de la parole mensongère du serpent, notre oreille interne est obturée : non seulement nous n'entendons plus l'Eau vive, mais des bruits concurrents s'élèvent et montent en tumulte de notre propre fond.

Prier, dès lors, serait peut-être, retrouver, cultiver la simplicité de l'ouïe originelle, nous décaler de la voix tyrannique du « moi », pour entendre de nouveau la rumeur douce et plénière de la Présence : « J'écoute ce que dit en moi le Seigneur mon Dieu : Il dit « paix » ! » (Psaume 85).

« Soyez vigilants, car le diable votre ennemi, rôde alentour tel un lion rugissant et cherche qui dévorer » (1 Pierre 5,8-9). La tentation est celle de la fuite, car le grand Silence de Dieu, parfois, nous angoisse : alors, nous allons de bruit en bruit et nous faisons de notre demeure intérieure et de nos cités une Tour de Babel, enfiévrée et cacophonique qui rend inaudible la circulation de la vie divine en nous. « Arrêtez ! Sachez que Moi je suis Dieu » (Psaume 45).

Entrer en prière : laisser suspendus tous les chantiers de notre ville intérieure, toutes les œuvres transitoires. Déclarer en nous-mêmes la trêve de la civilisation du bruit ! Pour entendre, par grâce, « la Voix de fin silence », celle que le prophète Elie perçoit, à l'Horeb, après le passage assourdissant de la tempête et de l'ouragan, après le crépitement dévorateur du feu… Prier : recevoir la grâce d'entendre le Silence de la Présence simple de l'Unique !

« La bouche de notre cœur restait béante auprès des cascades qui tombent d'en haut, auprès de Ta Source, source vive. Supposons donc que se taise chez quelqu'un le tumulte, que se taisent les phantasmes de la terre et des eaux et de l'air ; que se taisent les cieux et que l'âme elle-même se taise et passe outre sans penser ; que tout se taise et que se taisent les révélations imagées et toute langue et tout signe et tout ce qui advient en passant ; supposons que pour quelqu'un tout cela se taise tout à fait et qu'Il parle, Lui seul… » (Saint Augustin, Confessions).

Illustrations : Saint Benoît sur Loire, Chapiteau aux lions –  Fonts baptismaux, Eglise de Berrington