En Avent, porter le « Feu » !
2 décembre 2023
En ce temps-là, Jésus arriva près de la mer de Galilée. Il gravit la montagne et là, il s'assit. De grandes foules s'approchèrent de lui, avec des boiteux, des aveugles, des estropiés, des muets, et beaucoup d'autres encore ; on les déposa à ses pieds et il les guérit. Alors la foule était dans l'admiration en voyant des muets qui parlaient, des estropiés rétablis, des boiteux qui marchaient, des aveugles qui voyaient ; et ils rendirent gloire au Dieu d'Israël.
Jésus appela ses disciples et leur dit : « Je suis saisi de compassion pour cette foule, car depuis trois jours déjà ils restent auprès de moi, et n'ont rien à manger. Je ne veux pas les renvoyer à jeun, ils pourraient défaillir en chemin. » Les disciples lui disent : « Où trouverons-nous dans un désert assez de pain pour rassasier une telle foule ? » Jésus leur demanda : « Combien de pains avez-vous ? » Ils dirent : « Sept, et quelques petits poissons. » Alors il ordonna à la foule de s'asseoir par terre. Il prit les sept pains et les poissons ; rendant grâce, il les rompit, et il les donnait aux disciples, et les disciples aux foules. Tous mangèrent et furent rassasiés. On ramassa les morceaux qui restaient : cela faisait sept corbeilles pleines.
Commentaire
Où porter notre regard dans un monde déchiré de violence, transi de solitude et d'abandon ? Là où le Christ dirige inlassablement le sien : vers le plus bas, tout en bas, dans la terre éventrée de la vie des humains, dans cette réalité épaisse où s'engluent les parias de notre temps…
Mais il porte le feu, ce regard, non pour condamner ou détruire mais pour ouvrir cette hospitalité inlassable, de patience et de persévérance, cet espace où pourra retentir, enfin, la parole des sans-voix.
Par sa seule présence, Jésus draine les grandes foules avec le cortège des boiteux, des aveugles, des estropiés, des muets… (cf. Mt 15,30). Pour quelle guérison ?
Celle des bras ouverts à tous les déplacés, mendiants d'une terre d'asile, d'un toit où réchauffer l'espoir. Les bras ouverts à tous ces loqueteux à revêtir de la tunique de respect et de dignité, à envelopper d'humanité et de tendresse.
Jésus, saisi de passion avec cette foule, pour elle, au milieu d'elle : qu'ils ne se perdent pas en chemin, à jamais ! (cf. Mt 15,32)
Comment ne pas se dérober à la chair souffrante de ces « autres », à leurs cris d'alarme ?
Comment relever et restaurer dans la confiance ces « autres » meurtris par les barbelés érigés à nos frontières, emmurés au seuil de nos forteresses sécuritaires ?
Comment briser le cercle de nos infidélités frileuses, dissiper les écrans de fumée de nos fidélités faciles et trompeuses ?
Comment rompre avec ces « autres » le pain de liberté et de surabondance ?
Nous entrons, nous aussi dans une prière de feu : pour espérer avoir part à Jésus, dans l'attente et la veille, dans l'engagement tenace, dans l'épreuve de ce temps clair-obscur, couleur de ce début d'Avent !
Illustrations : (Rembrandt, La pièce aux cent florins)
Chant : Viens bientôt Sauveur du Monde (par l’Abbaye de la Coudre)