L’autorité du Christ est celle du suppliant
14 décembre 2023
Jésus était entré dans le Temple, et, pendant qu'il enseignait, les chefs des prêtres et les anciens du peuple l'abordèrent pour lui demander : «Par quelle autorité fais-tu cela, et qui t'a donné cette autorité?» Jésus leur répliqua : «À mon tour, je vais vous poser une seule question ; et si vous me répondez, je vous dirai, moi aussi, par quelle autorité je fais cela : Le baptême de Jean, d'où venait-il, du ciel ou des hommes?» Ils faisaient en eux-mêmes ce raisonnement : «Si nous disons : “Du ciel”, il va nous dire : “Pourquoi donc n'avez-vous pas cru à sa parole ?” Si nous disons : “Des hommes”, nous devons redouter la foule, car tous tiennent Jean pour un prophète.» Ils répondirent donc à Jésus : «Nous ne savons pas !» Il leur dit à son tour : «Moi non plus, je ne vous dirai pas par quelle autorité je fais cela.»
Commentaire
Dans l'Évangile de Matthieu, nous sommes, ici, situés à la fin du ministère galiléen de Jésus, aux portes de son entrée à Jérusalem : la tension est extrême entre Jésus et les autorités religieuses de son temps. C'est l'heure du combat du « pouvoir », le « combat du Roi » qui va vers son dénouement. Mais quel est ce « Roi » qui vient à nous à Noël ?
Comme les chefs religieux du Temple, nous pensons que l'autorité de Jésus ne manquera pas de se manifester de manière éclatante. D'où la question : « Qui t'a donné cette autorité » ? Jésus n'y répond pas, sinon en renvoyant ses interlocuteurs à leur propre exercice du pouvoir : le tenez-vous de Dieu ou des hommes ?
Parfois nous oublions que lui, Jésus, s'agenouille aux pieds de ses disciples pour leur signifier le poids de sa gloire paradoxale. L'autorité du Christ est celle du suppliant : elle est attente, prière, quête inlassable de la libre reconnaissance de ses frères et sœurs en humanité, envers lui et entre eux.
Cela valait-il vraiment la peine qu'un Dieu apparaisse sur terre, pour disparaître aussitôt dans la mêlée des hommes ? Puissance de Dieu, désormais infiniment fragile. Fils de Dieu, mais en apparence petit d'homme. Incarnation de Dieu, mais comme rampante, furtive, qui s'accomplit à l'abri des regards, sauf du regard émerveillé de quelques pauvres.
En serons-nous scandalisés ? À Noël, c'est Dieu lui-même qui se cache et s'enfouit, tel le levain dans la pâte.
Prière
Jésus, en toi, Dieu lui-même se cache et s'enfouit, tel un levain dans la pâte. Donne-nous, par toute notre vie d'entrer dans ton silence, de demeurer dans le « centre de notre humilité » pour appeler notre Père, en communion avec tous nos frères humains.
Chant : Nous ne savons pas ton mystère (par la Maîtrise de la Cathédrale d’Angers, Bertrand Lemaire)