enseignement-partage animé par Sœur Frédérique OLTRA
Les trois chapitres consacrés au « Mystère d'Israël » (Romains 9, 10 et 11) se répartissent dans le temps entre le passé (Rm 9,1-29), le présent (Rm 9,30-10,21) et l'avenir (Rm 11). Nous allons essayer d'explorer les chapitres 9 et 10, lors de notre prochaine rencontre.
- Interpréter l'élection d'Israël selon les paroles de l'origine (Rm 9,1-29)
Deux questions se posent dès l'entrée de cette section :
- La vérité de Paul ne serait-elle pas source de tristesse ?
- La parole de Dieu aurait-elle échoué ?
Le « franc-parler » angoissé de Paul (Rm 9,1-5)
9,1En Christ je dis la vérité, je ne mens pas, par l'Esprit Saint ma conscience m'en rend témoignage :
2j'ai au cœur une grande tristesse et une douleur incessante.
3Oui, je souhaiterais être anathème, être moi-même séparé du Christ pour mes frères, ceux de ma race selon la chair,
4eux qui sont les Israélites, à qui appartiennent l'adoption, la gloire, les alliances, la loi, le culte, les promesses
5et les pères, eux enfin de qui, selon la chair, est issu le Christ qui est au-dessus de tout, Dieu béni éternellement. Amen.
Paul décrit un état de tristesse et de douleur attesté par trois témoins : sa conscience, l'Esprit-Saint et le Christ.
Paul réinterroge le « père » (l'origine de l'élection) (Rm 9,6-18)
9,6Non que la parole de Dieu ait été mise en échec : en effet, tous ceux qui sont de la postérité d'Israël ne sont pas Israël
7et, pour être la descendance d'Abraham, tous ne sont pas ses enfants. Non : C'est la postérité d'Isaac qui sera appelée ta descendance.
8Ce qui signifie : ce ne sont pas les enfants de la chair qui sont enfants de Dieu ; comme descendance, seuls les enfants de la promesse entrent en ligne de compte.
9Car c'était une promesse que cette parole : A pareille époque je reviendrai et Sara aura un fils.
10Et ce n'est pas tout ; il y a aussi Rébecca. C'est du seul Isaac, notre père, qu'elle avait conçu ;
11et pourtant, ses enfants n'étaient pas encore nés et n'avaient donc fait ni bien ni mal que déjà – pour que se perpétue le dessein de Dieu, dessein qui procède par libre choix
12et ne dépend pas des œuvres, mais de celui qui appelle – il lui fut dit : L'aîné sera soumis au plus jeune,
13selon qu'il est écrit : J'ai aimé Jacob et j'ai haï Esaü.
14Qu'est-ce à dire ? Y aurait-il de l'injustice en Dieu ? Certes non !
15Il dit en effet à Moïse : Je ferai miséricorde à qui je veux faire miséricorde et je prendrai pitié de qui je veux prendre pitié.
16Cela ne dépend donc pas de la volonté ni des efforts de l'homme, mais de la miséricorde de Dieu.
17C'est ainsi que l'Ecriture dit au Pharaon : Je t'ai suscité précisément pour montrer en toi ma puissance et pour que mon nom soit proclamé par toute la terre.
18Ainsi donc il fait miséricorde à qui il veut et il endurcit qui il veut.
- Premier rappel: séparation entre Isaac et Ismaël (9,7-9)
- Deuxième rappel: élection de Jacob, exclusion d'Esaü (9,10-16)
- Troisième rappel: Israël séparé de l'emprise de Pharaon (9,17-18)
Ouverture finale : l'œuvre de la miséricorde « pour nous » (Rm 9,19-29)
9,19Mais alors, diras-tu, de quoi se plaint-il encore ? Car enfin, qui résisterait à sa volonté ?
20– Qui es-tu donc, homme, pour entrer en contestation avec Dieu ? L'ouvrage va-t-il dire à l'ouvrier : Pourquoi m'as-tu fait ainsi ?
21Le potier n'est-il pas maître de son argile pour faire, de la même pâte, tel vase d'usage noble, tel autre d'usage vulgaire ?
22Si donc Dieu, voulant montrer sa colère et faire connaître sa puissance, a supporté avec beaucoup de patience des vases de colère tout prêts pour la perdition,
23et ceci afin de faire connaître la richesse de sa gloire envers des vases de miséricorde que, d'avance, il a préparés pour la gloire,
24nous qu'il a appelés non seulement d'entre les Juifs mais encore d'entre les païens…
25C'est bien ce qu'il dit dans Osée : Celui qui n'était pas mon peuple, je l'appellerai Mon Peuple et celle qui n'était pas la bien-aimée, je l'appellerai Bien-Aimée ;
26et là même où il leur avait été dit : « Vous n'êtes pas mon peuple », ils seront appelés fils du Dieu vivant.
27Esaïe, de son côté, s'écrie au sujet d'Israël : Quand bien même le nombre des fils d'Israël serait comme le sable de la mer, c'est le reste qui sera sauvé ;
28car le Seigneur accomplira pleinement et promptement sa parole sur la terre.
29C'est encore ce qu'avait prédit Esaïe : Si le Seigneur des armées ne nous avait laissé une descendance, nous serions devenus comme Sodome, semblables à Gomorrhe.
- La situation présente d'Israël (Rm 9,30-10,21)
- Un double constat de Paul (9,30-33)
9,30Qu'est-ce à dire ? Ceci : des païens qui ne recherchaient pas la justice l'ont reçue – j'entends la justice qui vient de la foi –,
31tandis qu'Israël, qui recherchait une loi pouvant procurer la justice, est passé à côté de la loi.
32Pourquoi ? Parce que cette justice, ils ne l'attendaient pas de la foi, mais pensaient l'obtenir des œuvres. Ils ont buté contre la pierre d'achoppement,
33selon qu'il est écrit : Voici que je pose en Sion une pierre d'achoppement, un roc qui fait tomber ; mais celui qui croit en lui ne sera pas confondu.
Qu'est-il arrivé aux païens ? / Qu'arrive-t-il au peuple juif ?
- Diagnostic de Paul (10,1-4)
10,1Frères, le vœu de mon cœur et ma prière à Dieu pour eux, c'est qu'ils parviennent au salut.
2Car, j'en suis témoin, ils ont du zèle pour Dieu, mais c'est un zèle que n'éclaire pas la connaissance :
3en méconnaissant la justice qui vient de Dieu et en cherchant à établir la leur propre, ils ne se sont pas soumis à la justice de Dieu.
4Car la fin de la loi, c'est Christ, pour que soit donnée la justice à tout homme qui croit.
- Comment recevoir la « Justice » (10,5-13)
10,5Moïse lui-même écrit de la justice qui vient de la loi : L'homme qui l'accomplira vivra par elle.
6Mais la justice qui vient de la foi parle ainsi : Ne dis pas dans ton cœur : Qui montera au ciel ? Ce serait en faire descendre Christ ;
7ni : Qui descendra dans l'abîme ? Ce serait faire remonter Christ d'entre les morts.
8Que dit-elle donc ? Tout près de toi est la parole, dans ta bouche et dans ton cœur. Cette parole, c'est la parole de la foi que nous proclamons.
9Si, de ta bouche, tu confesses que Jésus est Seigneur et si, dans ton cœur, tu crois que Dieu l'a ressuscité des morts, tu seras sauvé.
10En effet, croire dans son cœur conduit à la justice et confesser de sa bouche conduit au salut.
11Car l'Ecriture dit : Quiconque croit en lui ne sera pas confondu.
12Ainsi, il n'y a pas de différence entre Juif et Grec : tous ont le même Seigneur, riche envers tous ceux qui l'invoquent.
13En effet, quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé.
Etre attentif aux quatre figures distinctes de la justice :
Justice de la loi / Justice de la foi / Justice propre / Justice de Dieu
- Urgence d'annoncer l'Evangile (10,14-17)
10,14Or, comment l'invoqueraient-ils, sans avoir cru en lui ? Et comment croiraient-ils en lui, sans l'avoir entendu ? Et comment l'entendraient-ils, si personne ne le proclame ?
15Et comment le proclamer, sans être envoyé ? Aussi est-il écrit : Qu'ils sont beaux les pieds de ceux qui annoncent de bonnes nouvelles !
16Mais tous n'ont pas obéi à l'Evangile. Esaïe dit en effet : Seigneur, qui a cru à notre prédication ?
17Ainsi la foi vient de la prédication et la prédication, c'est l'annonce de la parole du Christ.
Recevoir la Parole (10,18-21) : Ecouter et Comprendre
10,18Je demande alors : N'auraient-ils pas entendu ? Mais si ! Par toute la terre a retenti leur voix et jusqu'aux extrémités du monde leurs paroles.
19Je demande alors : Israël n'aurait-il pas compris ? Déjà Moïse dit : Je vous rendrai jaloux de ce qui n'est pas une nation ; contre une nation inintelligente j'exciterai votre dépit.
20Esaïe, lui, va jusqu'à dire : J'ai été trouvé par ceux qui ne me cherchaient pas, je me suis révélé à ceux qui ne me demandaient rien.
21Mais au sujet d'Israël, il dit : Tout le jour j'ai tendu les mains vers un peuple indocile et rebelle.