Nous sommes venus d'Orient adorer le Roi
Lectures du Jour :
- « La gloire du Seigneur s'est levée sur toi » (Is 60, 1-6)
- Psaume 71 : Toutes les nations Seigneur se prosterneront devant Toi
- « Il est maintenant révélé que les nations sont associées au même héritage, au partage de la même promesse » (Ep 3, 2-3a.5-6)
- Nous sommes venus d'Orient adorer le roi (Mt 2, 1-12)
Frères et Sœurs,
En cette fête de l'Épiphanie, l'Évangile de Saint Matthieu nous raconte l'épisode des Mages venus d'Orient. Guidés par une étoile, ils vinrent adorer l'Enfant Jésus. Il est impossible de cerner les contours historiques de ce récit, mais nous ne sommes pas en face d'un reportage, nous sommes devant la foi de la première communauté chrétienne. Il nous faut donc dépasser une simple lecture anecdotique pour arriver à la lecture du sens, celle de la foi.
L'Épiphanie, mot grec qui veut dire manifestation, est tellement riche de vie et de lumière dans son dévoilement, que celui-ci ne sera jamais épuisé. Saint Paul, dans sa lettre aux Éphésiens, parle la révélation du mystère du Christ : « Ce mystère n'avait pas été porté à la connaissance des hommes des générations passées, comme il a été révélé maintenant ». Désormais, Dieu, par son Fils, ne cessera jamais de se manifester aux hommes pour les sauver.
L'Épiphanie, c'est Noël qui prend toute son ampleur pour manifester aux hommes l'universalité du salut. « Ce mystère, ajoute Saint Paul, c'est que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l'annonce de l'Évangile. »
Nous voyons, çà et là, de fortes oppositions aux crèches de Noël dans l'espace public ; il n'empêche qu'un message est porté et que cette fête est de plus en plus célébrée dans le monde. Les fêtes chrétiennes ne s'usent pas, même si elles sont dénaturées, car leurs messages rejoignent les profondeurs de l'homme et ses grandes espérances. Les fêtes chrétiennes sont porteuses de sens, et c'est cette vision positive qu'il nous faut avoir, quand bien même , « le monde ne l'a pas reçu », selon ce qu'a dit Saint Jean dans le prologue de son Évangile.
Les Mages venus d'Orient sont représentatifs de peuples d'autres cultures, d'autres religions, avec leurs sagesses et leurs savoirs. Dans notre Évangile, ce qui les caractérise en premier, c'est que ce sont des hommes en recherche de vérité et de salut, ils sont en quête de sens. Cette quête les a mis en route, les arrachant à leur quotidien. Ils sont les modèles de ceux qui cherchent sincèrement une réponse à toutes leurs questions essentielles et à leur désir d'un Dieu qu'ils pressentent au fond de leurs cœurs.
C'est la démarche que prophétise Isaïe dans notre première lecture : « Les nations marcheront vers ta lumière, et les rois, vers la clarté de ton aurore. » Les nations et leurs élites seront attirées par le message de foi rayonnante qui émane de Jérusalem, le lieu de la présence de Dieu, là où est enseignée sa Parole.
À la lumière de la révélation du mystère du Christ Verbe de Dieu, et de sa présence dans son Corps mystique qu'est l'Église, nous entrevoyons, dans les paroles d'Isaïe, la venue du Royaume des Cieux, la Jérusalem céleste qui réunira tous ses enfants.
En prenant conscience du dynamisme spirituel de ces Mages, nous qui sommes censés vivre du Christ et de son Royaume présent au milieu de nous, sommes-nous dans cette attitude de recherche, dans cette quête, cette soif de Dieu, pour accompagner celle des autres ?
Donnons-nous le témoignage d'une Église qui accueille et qui partage sa foi en s'ouvrant aux différences ? Une Église qui va vers les périphéries comme le dit le Pape François ?
Les Mages, qui ne cessent pas de servir de modèle, vont ensuite se renseigner auprès de ceux qui possèdent le trésor des écritures. Ils veulent entendre une Parole de Vie qui leur manque.
Sans parler d'Hérode, homme corrompu et malfaisant, les prêtres et les scribes qui connaissent le lieu où le Messie doit naître, ont le cœur desséché. Ils gardent la Parole comme on garde un musée, ils enseignent la source sans y avoir goûté eux-mêmes. Ils pratiquent par devoir et non par amour. Mais le Seigneur n'est pas otage de leurs bouches et sa Parole travaille dans ceux qui l'écoutent.
Est-ce que, comme les mages, la Parole de Dieu lue et méditée est pour nous une rencontre où Dieu nous éclaire et nous parle pour continuer notre chemin ? Comment sommes-nous témoins de la Parole vivante du Seigneur ? Les baptisés que nous sommes deviennent prophètes à chaque fois que la Parole de Dieu anime leur témoignage.
Enfin, les Mages arrivent là où se tenait l'enfant et sa mère : « Tombant à ses pieds, ils se prosternèrent devant Lui ». Eux qui devaient recevoir sans cesse des marques de respect font acte d'humilité. Leurs regards vont au-delà des apparences pour rencontrer Dieu dans l'humanité la plus pauvre et la plus simple. Quelle leçon pour nous apprendre à ne pas nous retrancher dans nos certitudes, derrière des apparences qui cachent nos fragilités, pour aller rencontrer notre prochain comme un être aimé de Dieu !
Leurs offrandes, l'or, l'encens et la mire symbolisent qu'ils reconnaissent en Jésus le roi qui va gouverner leurs cœurs, le Dieu vers qui doit monter toute prière, et Celui qu'ils vont suivre jusque dans sa mort et sa résurrection.
Avertis en songe, ils vont repartir chez eux par un autre chemin. En fait, leur trajet de retour ne peut pas ressembler à celui de l'aller. Désormais, ils sont guidés intérieurement par le Christ. Devant son mystère, ils ont trouvé la vraie lumière qui transforme tout. Leurs vies ne seront plus les mêmes, ils ne tomberont plus dans les pièges de ceux qui veulent les manipuler ; ils ont commencé à découvrir la sagesse la plus haute en tombant à genoux devant elle.
Frères et Sœurs, puissions-nous devenir à notre tour des Épiphanies de l'amour de Dieu par le Christ qui habite nos cœurs.
Amen !